Quel mix énergétique pour nos villes ?

L’énergie de nos villes viendra dans les décennies à venir d’une combinaison de ressources à la fois économique, locale et peu polluante.

Les ressources locales définiront la combinaison du mix énergétique, les énergies renouvelables (solaire, hydraulique, éolien, biomasse…) sont destinées à représenter une proportion importante d’au moins 20% d’ici 2020 pour l’Europe.

Les gisements énergétiques de proximité sont à prendre en compte bien évidemment, et des solutions de moyennes puissances (de l’ordre du mégawatt) seront ou sont déjà économiquement faisables, il n’est plus nécessaire de construire systématiquement des centrales nucléaires ou à fuel de plusieurs dizaines de mégawatts alors que la biomasse est accessible localement ou que l’éolien présente un potentiel.

Ceci étant dit, il restera indispensable de continuer à développer le nucléaire en tant que solution économiquement et écologiquement viable.

Dans le mix énergétique du future, le photovoltaïque  se prête le plus à être décentralisé, à l’échelle du quartier ou du village, l’habitat pourra assurer une bonne part de la consommation d’électricité (hors chauffage) par le photovoltaïque délocalisé et immédiatement disponible sur le lieu de production, à travers notamment des mécanismes de stockage type hydraulique ou à base de sel.

L’intérêt du photovoltaïque intégré sur les toitures de bâtiment professionnel pour assurer cette homogénéité de distribution sur le territoire est multiple:

– d’injecter sur le réseau électrique de l’énergie renouvelable qui sera certainement consommé dans le voisinage immédiat

– d’utiliser les toitures non exploitées de bâtiments professionnels

– d’assurer une valorisation des toitures de bâtiments qui présentent  souvent un coût d’entretien et de rénovation non négligeable surtout pour le bâtiment ancien

– de réduire les coûts de construction dans le neuf, la couverture et l’étanchéité se font par le panneau photovoltaïque lui-même.

– bien évidemment le photovoltaïque génère des revenues grâce aux tarifs d’achat en vigueur et valorise l’image de l’entreprise, cette même électricité produite sur les toits servira dans l’avenir à alimenter à bas prix les voitures électriques sur les lieux de travail pendant la journée.

Evaluation de l’éligibilité au tarif d’intégration au bâti

L’ADEME lance le site internet du comité  d’Evaluation de l’Intégration Au Bâti (CEIAB), ce comité examine les procédés d’intégration photovoltaïques qui lui sont soumis, pour déterminer s’ils respectent ou non les critères d’intégration ou d’intégration simplifiée au bâti, au sens du nouvel arrêté tarifaire du 12 Janvier 2010, modifié par l’arrêté du 16 Mars 2010

http://www.ceiab-pv.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=24035&m=3&catid=24037

L’impact environnemental des produits, quels critères évaluer et jusqu’ou pourrons nous aller ?

UN certain nombre d’études et de recherches sont menées depuis de nombreuses années sur ce thème, citons par exemple les travaux de l’université de Leiden aux pays bas (méthode CML) définissant la notion de stocks et de flux des polluants, L’IFPL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) a développé une méthodologie ‘IMPACT 2002’ regroupant les impacts les plus complets : environnement, santé et épuisement des ressources pour un produit donné.

Plus récemment le centre de résilience environnemental de l’université de Stockholm qui, dans une publication dans le journal Ecology and Society(1), l’équipe qui a été constituée avait pour objectif de chercher  à définir les risques environnementaux et les limites à partir desquelles le système ‘terre’ ne pourra plus ‘encaisser’…

Il faudra d’abord rappeler les fondamentaux de l’analyse de cycle de vie (ACV) qui nécessite une revue exhaustive des stocks et des flux durant la durée de vie du produit (matières premières, fabrication, transport, usage, fin de vie).

Le principe de stocks quantifie les principaux indicateurs (carbone, azote, phosphore, eau) dont le stock sous une forme ou une autre provoque des altérations conséquentes sur l’équilibre de notre environnement : à titre d’exemple le carbone sous forme de CO2 participe au réchauffement climatique, alors que sous forme de calcaire au fond des océans n’a plus d’effet sur le réchauffement.

Idem pour le phosphore son excès est responsable de l’acidification des milieux naturels (pluies acides), à travers l’excès du SO2 dans l’atmosphère, acidification qui freine la productivité des écosystèmes.

Le principe de flux est l’ensemble des phénomènes qui font que l’un des 4 indicateurs (carbone, azote, phosphore et eau) est en excès sous la forme qui le rend destructif pour l’environnement, le déplacement des équilibres (par exemple la forme CO2 vers la forme calcaire ou l’inverse) est ainsi un renseignement important de l’impact des produits sur l’environnement.

A titre d’exemple le lait est le pire des polluants si déversé dans une rivière alors que le lait n’a rien d’un polluant pour notre corps…

Une dizaine d’indicateurs sont définies pour cartographier l’impact environnemental d’un produit :

·         L’effet de serre, le plus connu de tous, mesure combien de CO2 est émis durant la durée de vie du produit

·         L’acidification, mesure le potentiel acide sur les milieux naturels des dérivés du phosphore et sulfure (surtout marins), ingrédient essentiel des fertilisants, lessives et autres produits chimiques, une fois rejetés dans la nature sous forme liquide participe à enrichir les milieux aquatiques et à réduire leur productivité.

·         L’eutrophisation, mesure l’excès de nutriments dans l’eau (azote, phosphate…) qui participe à déplacer l’équilibre aquatique : par exemple vers un excès d’algue réduisant l’attrait biologique d’un lac par exemple.

·         Ozone Troposphérique, caractérise le potentiel photochimique de la formation de l’ozone au niveau de la basse couche de l’atmosphère, qui perturbe certaines réactions chimiques et présente un risque pour la santé (contrairement à l’ozone stratosphérique qui quant à lui est précieux pour absorber les UVA et protéger la peau des cancers).

·         L’éco toxicité aquatique (pour les sources d’eau non marines), mesure quant à lui l’effet de déversement de molécules toxiques  pour les organismes vivants suivant la concentration et le temps de résidence de ces molécules dans l’eau

·         La toxicité humaine, similaire à l’éco toxicité aquatique mais mesurée par la tolérance du corps humain aux molécules toxiques (prises individuellement)

·         Consommation des ressources rares, un facteur défini pour chaque matériau en fonction de sa disponibilité et son rythme d’exploitation par l’homme (université de leiden)

·         Consommation d’énergie non renouvelable, correspond à l’énergie fossile consommée

L’ensemble des paramètres cité est en principe susceptible de nous renseigner sur l’impact total environnemental d’un produit, en réalité il devient très vite très fastidieux d’évaluer tous ces paramètres pour chaque produit, il convient souvent de sélectionner 3 des paramètres les plus importants en terme d’impact et selon le type de produit.

Il est inutile d’essayer de calculer l’impact effet de serre de quelques milligrammes de plomb ou d’arsenic alors que leur impact sur l’écotoxicité aquatique ou humaine est largement plus considérable que les autres paramètres.

 

(1)  la newsletter Usines à GES en a fait l’écho http://www.lusineages.com/view_pdf/978.